« Le jour avait été bien choisi : 21 mars. Le printemps avait fait son entrée et le beau temps était au rendez-vous. Des grappes de collègues s’acheminaient vers le bâtiment de toutes les surprises. Cette énorme bâtisse en verre était plantée au milieu de nulle part. On y accédait sans penser un instant découvrir au sommet de la colline sept étages qui déchiraient le ciel. Ses bâtisseurs enclins à frapper les consciences et subjuguer les esprits voulaient écrire l’histoire de la santé du pays avec une nouvelle encre qui raconte ce qu’elle fait et fait ce qu’elle raconte. »
Tous se passe dans ce lieu emblématique où sévit un quatuor adoubé par Nomo, un personnage paradoxal qui dirige Big data, entité en laquelle le pays a mis tout son espoir pour sortir du marasme sanitaire. Ce groupe de thuriféraires, serviles, incompétents et pervers, encense le maître et n’hésite pas à écraser les velléités de révolte au sein de l’organisation. Sous les dehors luisants, Big data, est le lieu de la prévarication et des dépravations. Le lecteur comprendra vite qu’il s’agit de la métaphore d’un pays qui claudique dans sa marche présumée vers la modernité – ce mirage dont les panneaux publicitaires font l’éloge. Rien, en effet, ne paraît inquiéter le cartel, jusqu’à ce qu’un journaliste vienne donner un coup de pied dans ce nid de guêpes. Parviendra-t-il à changer la donne ?
Avec Comme une histoire, son premier récit, BENCHEIKH nous propose un pamphlet d’une lucidité rare.
